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Le blog du vieux singe

Comment peut-on être de gauche et écologiste, sincèrement antiraciste et discriminer en toute bonne foi ?

17 Novembre 2011 , Rédigé par Michel Servet Publié dans #Racisme

Source.

 

L’anti-racisme des années 80-90 a consisté à lutter contre le « racisme » des individus à coup d’éducation anti-raciste et de concerts contre le racisme. Si la pédagogie sur ce qu’est le racisme est évidemment important, il est clair aujourd’hui que cela n’est pas suffisant.

La question des discriminations, n’est pas qu’une question de racisme mais est une question systémique du à des pratiques et mécanismes institutionnels.

Surfant sur l’échec de ces politiques passées, nous assistons aujourd’hui à une inversion de la logique anti-raciste voulant que ce soit les personnes discriminée qui sont les principaux responsables des discriminations qu’ils subissent. Rappelons qu’aujourd’hui en France, le fait d’être repéré comme « issu de l’immigration » divise par cinq les chances, à qualification équivalente, d’obtenir un entretien d’embauche.

Bien sur, dans cette histoire, toutes les immigrations ne sont pas équivalentes, quand on parle de « défaut d’intégration », ceux qui sont visés sont les français issus de nos anciennes colonies et en particuliers ceux de religion ou culture musulmane. En effet, selon les versions, il est expliqué que cette immigration serait « inintégrable » car le fait de personnes qui auraient une haine de la France du à un ressenti colonial ou alors de personnes de culture ou de religion différente les rendant incompatibles avec les valeurs française (sinon avec la République). Ces deux explications se croisant car la plupart des personnes issues de nos anciennes colonies sont de culture ou de religion musulmane.

Ce discours a atteint un nouveau palier avec la politique du gouvernement actuel visant à définir une « identité nationale » présentée comme mise en danger par l’immigration. Rappelons la phrase de Hortefeux expliquant que les immigrés, quand il y en a un ça va, c’est qu’en il y en a plusieurs que les problèmes commencent. Enfin, surfant sur un contexte international de « guerre des civilisations » popularisé par G.W. Bush et Ben Laden, l’instrumentalisation de la laïcité pour expliquer l’incompatibilité de l’Islam (et par voie de conséquence des musulmans) avec la République est probablement l’un des arguments qui a le plus fait mouche et ceci sur l’ensemble du spectre politique français, droite, gauche et écologiste compris. Le débat qui a eu lieu en notre sein lors de la loi sur le voile, ou les motions sur la laïcité (au moment des Verts, comme récemment lors du congrès avec l’adoption de la motion « laïcité n’est pas racisme »), montre que les écologistes restent ceux qui résistent le mieux au discours xénophobe ambiant et que ce sont eux qui sont les mieux armés pour apporter les vrais réponses à la question des discriminations et du vivre ensemble.

Ce discours par d’une vision essentialisme de l’Islam vu comme une religion qui serait dans son essence rétrograde et incapable de faire la séparation entre ce qui serait de l’ordre politique et ce qui serait de l’ordre du spirituel. Ainsi, on assiste à une analyse culturaliste de la montée des mouvements « islamistes » ou de « l’Islam politique » dans le monde arabe. Les difficultés que traversent nombre de pays arabes seraient inhérentes à leur culture. L’échec des mouvements nationalistes arabes consécutifs aux décolonisations ou aux diverses instrumentalisations de ces mouvements par des Etats. Le fait l’Arabie Saoudite aie fait de l’Islamisme un moyen d’influence politique à coup de pétro-dollars, que les Etats-Unis en fait une arme contre l’Union Soviétique en Afghanistan, que Israël a laissé se développé le Hamas pour affaiblir le Fatah ou encore les dictatures arabes aie utilisé ces mouvements pour justifier leur présence, n’aurais rien à voir avec l’émergence de ces mouvements. Non, pour certains « l’islamisme » serait inhérent à l’Islam et aux musulmans, ceci dans le monde arabe comme pour les immigrés en France. L’exemple de la Turquie, ne serait qu’une exception du à la politique laïque d’Ataturk et non reproductible ailleurs…

Du monde arabe, ce discours se décline sur nos quartiers populaires et sur les personnes issues de l’immigration qui seraient, du fait de leur religion et communautarisme supposé incompatible avec la République…

Heureusement, les révoltes démocratique arabes sont en train de casser ces visions culturalistes héritée de notre passé colonial. Il n’est pas à douter, que la rupture dans nos représentations coloniales aura in fine un impact sur la représentation que nous avons en France des personnes issues de l’immigration.

Ce discours, est entré en phase avec une tradition politique très présente à gauche de lutte contre l’aliénation et se décline selon plusieurs approches. Nous allons essayer d’évoquer comme ces luttes se croisent avec la question des discriminations afin de comprendre ces mécanismes et de voir comment il est possible d’allier lutte contre l’aliénation et lutte contre les discriminations.

I. Anticléricalisme et lutte contre l’aliénation religieuse

Rappelons que la loi de 1905 a été le fruit d’un compromis entre républicains modérés et religieux d’une part et d’autre part des Républicains intransigeants face au totalitarisme exercée par l’église Catholique sur la vie publique et privée à l’époque.

Aujourd’hui encore, la tradition Républicaine anti-cléricale reste très présente en particulier à gauche. De nombreuses personnes s’attaquent à la religion musulmane de la même manière qu’ils le font contre l’église catholique. Or, le nombre de catholiques en France est beaucoup plus important que le nombre de musulmans et ont une influence politique beaucoup plus importante. Rappelons qu’il y a par exemple un parti chrétien démocrate au sein de l’UMP. Ainsi, une lutte égale contre toutes les religions aura un impact beaucoup plus important sur la réalité des musulmans que sur celle des chrétiens et crée de fait une discrimination anti-musulmane qui s’ajoute aux discriminations racistes existant par ailleurs. Ce type de mécanisme se voit clairement par exemple quand on voit les difficultés qu’il y a lors des dépôts de permis de construire pour la construction de mosquées. Peu de politiques oseront s’attaquer de front à la « communauté catholique » alors que la mise en place de lois et de politiques visant spécifiquement les musulmans est devenu un sport national. Ainsi, si au sein de la société la critique des religions et de toutes les religions est légitime, au sein de l’institution politique, il est important de faire très attention à l’égale application des règles conformément d’ailleurs au principe de laïcité.

II. Féminisme et lutte contre le patriarcat

Si la « patriarcat » est antérieur aux religions, celles-ci, dans leur version traditionnelle véhiculent une vision inégalitaire de la famille et des rapports hommes/femmes. Ainsi, une partie du mouvement féministe estime que la lutte contre les religions (souvent confondu avec la défense de la laïcité) fait parti de la lutte féministe. Le fait que les personnes issues de l’immigration post-coloniale viennent de pays dont les pratiques sont souvent plus conservatrices qu’en France, amplifie l’idée qu’il est nécessaire d’avoir une lutte féministe spécifique au sein de ces populations.

Or, en particularisant la lutte féministe au cas des personnes issues de l’immigration, on prend le risque de perdre le sens universel de ces luttes. Ce qui va avoir plusieurs effets pervers :

-  Provoquer une réaction identitaire de rejet des personnes concernées qui risquent de considérer que c’est leur origine et culture qui est visée et non pas leur droit individuel à l’égalité.

-  Faire passer au second plan la lutte pour l’égalité de toutes les femmes en focalisant la question sur le cas des femmes issues de l’immigration. Surtout dans un contexte politique de recherche de boucs émissaires où il sera beaucoup plus facile d’avoir des position radicales contre des populations minoritaires et omettant une électorat jugé « majoritaire » qu’on préférera caresser dans le sens du poil.

Il ne s’agit pas de nier les besoins de luttes pour l’égalité homme/femme dans les quartiers mais de bien s’assurer que les principales concernées restent au cœur des luttes qui les concernent. Enfin, il est important de bien comprendre que, la situation en France, n’est pas celle du monde arabe et qu’il faut donc faire très attention aux parallèles qui sont parfois fait entre la situation par exemple de l’Algérie et celle de nos quartiers.

III. Multiculturalisme et laïcité

La France est multiculturelle, c’est un état de fait. La laïcité consiste à mettre en place les moyens de l’autonomie de l’individu et par conséquent, dans un état laïc, les identités individuelles appartiennent aux individus et l’Etat n’a pas à s’ingérer dans ces questions. L’Etat doit par contre s’assurer du respect des droits individuels de tous ses citoyens donc celui d’avoir un égal accès à l’instruction.

Le discours voulant que le « multiculturalisme » est mort ou est un échec (dixit Angela Merkel et Sarkozy) et prônant donc « l’assimilation », n’est qu’une variante plus soft du discours anti-immigrés de l’extrême droite. Le multiculturalisme étant un fait, le refuser, c’est dire que les personnes qui ne sont pas de la « culture majoritaire » sont à exclure ou à cantonner dans une position d’éternels accusés justifiant en fait une sous-citoyenneté et des politiques d’exception à leur encontre.

La loi de 1905 sur la séparation des institutions politiques et religieuse a été pensée dans un cadre d’une société très majoritairement chrétienne et donc qu’on soit athée ou croyant, on avait en général la même culture. Aujourd’hui, avec la visibilité de la religion musulmane, certains remettent en question la philosophie de la loi de 1905 en affirmant que la religion (sous-entendu l’Islam) devait rester cotonnée à l’intime et ne pas apparaître dans la sphère publique. Une telle vision qu’on qualifie de « laïcarde », ne touche en rien les intégristes chrétiens par exemple dont la tenue vestimentaire est par exemple la même que la tenue traditionnelle portée en France. Par contre, qu’une personne soit habillée dans une tenue qui sort de « l’ordinaire culturel » et certains estiment qu’ils portent atteinte à la laïcité. Là encore, sous couvert de « laïcité », on adopte dans les faits une posture discriminante envers les citoyens.

Rappelons donc que la laïcité et la loi de séparation de 1905 ne concerne pas les individus et leur culture ou tenue vestimentaire mais uniquement les institutions et ne tombons pas dans l’instrumentalisation qui est faite de la laïcité par exclure certaines catégories de population.

IV. La sociale contre la coloniale

Dès qu’il s’agit de la question des discriminations post-coloniales, on est toujours confronté à la mise en concurrence de la question sociale et de la question coloniale. Parler des discriminations est souvent interprété comme une diversion à la question sociale, question qui engloberait toutes les autres. Je me rappel par exemple un collègue « de gauche » qui m’expliquait que la question des discriminations n’était pas pertinente par ce que quand il n’y aura plus de chômage, il n’y aura plus de discriminations à l’emploi !

Or ces deux questions ne sont pas en contradictions mais s’alimentent l’une l’autre. Si les questions identitaires et la laïcité sont effectivement instrumentalisées par certains politiques pour faire diversion de la question sociale, nier ces questions ne peut être une réponse.

Certains vont encore plus loin dans ce raisonnement est affirment que l’anti-racisme excite les racistes et que pour avancer, il faut calmer le jeu sur ces questions. Cela se traduit in fine par la course derrière l’électorat du front national dans le but de passer à autre chose. Or, on ne sort pas comme cela des logiques identitaires. Au contraire, les logiques identitaires, sont souvent l’expression d’un mal être culturel et social (les deux vont souvent ensemble) et il faut s’attaquer de paire aux deux questions si on veut apporter une vrai réponse.


Frédéric Farid Sarkis, membre initiateur de la coopérative « laïcité n’est pas racisme »

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L
<br /> Pour les fautes, en regardant un peu attentivement, cet article en comporte comme dans certains communiqués de l'Elysée. Sur le fond, il traite d'un point sensible : pour une certaine partie de<br /> la gauche, le racisme est de droite et d'extrême-droite, il est hors de question de penser qu'il puisse y en avoir chez eux. En France, on croit à des "valeurs républicaines" que l'on considère<br /> comme "universelles", et il existe une intolérance certaine envers ceux qui les remettent en cause.<br />
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L
<br /> Beaucoup trop de fautes et une syntaxe plus qu ' approximative .. Décidément les miltants antilaicite sont vraiment particuliers ..<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Quelles fautes ?<br /> <br /> <br /> Et sur le fond ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />