Obsessions et prison.
Je suis tombé ce billet de blog sur Médiapart, que son auteur a courageusement fermé aux commentaire : "Le droit de se masturber en prison."
Après tout, pourquoi pas ? Je cite :
Il relève du droit de satisfaire l’excitation de ses sens sexuels et pas seulement (comme le voudraient certains) la seule réflexion ou l'intellect (du moins quand c'est possible en prison).
Le débat porte alors ensuite - ce premier point étant assuré - sur le matériel-support autorisé ou pas pour la dite masturbation. On ne saurait tout interdire : autrement dit, certains supports peuvent être interdits (ceux pornographiques intrinsèquement porteurs de violences, ceux pédophiles, etc), mais d'autres autorisés (dessins ou photos de nus, d’érotisme)
J'avoue ne pas avoir bien compris le lien entre cette pratique et l'intellect... Il me semblait que les mots croisés ou le sudoku étaient plus appropriés, mais enfin...
J'ai aussi lu l'article du même sur le "porno-viol", où il parle du voile islamique, du string, etc.. Il ne manque que les ratons-laveurs. J'ai eu l'impression qu'il confond porno "hard" avec scène de viol, mais là n'est pas le sujet.
Comment parler de la sexualité des détenus sans parler des conditions générales de la vie en prison ?
La France fait partie des États européens dont les prisons sont les plus encombrées et dont la population pénale augmente. Elle comptait 70 651 détenus pour 61 080 places opérationnelles au 1er janvier 2020, selon les statistiques de la population détenue et écrouée pour l’année 2020 (nouvelle fenêtre). La densité carcérale globale s’élève à 115,7%, marquant une légère baisse par rapport au 1er janvier 2019 (116,5%).
La CEDH dénonce cette surpopulation chronique. Elle concerne surtout les maisons d’arrêt, qui accueillent les personnes prévenues en détention provisoire et celles dont la peine n’excède pas deux ans. La densité carcérale y atteint 138%, contre 90% en centre de détention (où les détenus purgent une peine supérieure à deux ans) et 74% dans les maisons centrales (réservées aux longues peines). En janvier 2020, 29% des personnes incarcérées étaient des prévenus.
Le principe du placement en cellule individuelle, inscrit dans la loi depuis 1875 et réaffirmé en 2009, ne s’est jamais concrétisé. Son application a été sans cesse reportée. Le taux d’encellulement individuel reste stable en 2020 (40,9%).
Fondamental, car il s’agit de garantir à chaque personne incarcérée le droit de disposer d’un espace où elle se trouve protégée d’autrui et peut préserver son intimité, le principe de l’encellulement individuel est bafoué depuis sa proclamation en 1875. Consacré à nouveau dans la loi pénitentiaire de 2009, son application est sans cesse reportée. Car la surpopulation carcérale est un mal chronique des prisons françaises. En 1990, le taux d’occupation des établissements pénitentiaires était de 124%. Il est aujourd’hui de 103% avec 62 673 prisonniers pour 60 583 places (au 1er janvier 2021). La surpopulation se concentre dans les maisons d’arrêts, qui accueillent les personnes en attente de jugement et celles condamnées à des courtes peines de prison. Dans ces établissements, qui abritent plus des deux tiers de la population carcérale, le taux d’occupation moyen est de 120%, contraignant deux à trois personnes – parfois plus – à partager une même cellule et plus de 700 personnes à dormir chaque nuit sur des matelas posés au sol. Les plans de construction de nouvelles prisons qui se sont succédé depuis les années 1990 n’y ont rien changé. Car « on ne traite alors que les conséquences de la surpopulation, et non par les mécanismes ou les facteurs qui en sont à l’origine », explique la criminologue belge Sonja Snacken, experte auprès du Conseil de l’Europe. L’inflation carcérale que connait la France depuis plusieurs décennies est avant tout le fruit de politiques pénales qui ont misé sur l’incarcération et une répression croissante des déviances sociales.
Plus grave, et complètement ignorée, la question des violences sexuelles entre détenus :
Un détenu victime d'une agression préfère nier, même si celle-ci a été " repérée " par les surveillants. En effet, un " mouchard " risque de subir des représailles très graves. Même si l'agresseur est séparé de l'agressé, l'administration pénitentiaire ne peut promettre au second, qu'au hasard des transferts entre maisons d'arrêts et centres pénitentiaires, il ne retombera pas sur le premier. De plus, le " téléphone arabe " de la prison fera du dénonciateur un exclu, qui devra être placé, jusqu'à la fin de sa détention, en quartier d'isolement.
Les agressions sexuelles se déroulent à la fois en cellule et dans les douches collectives. Un détenu peut être contraint à des relations sexuelles, soit par la menace, soit par le chantage.
La commission a pu constater que le " tabou " des relations sexuelles en prison semblait en passe d'être levé, comme le montre la distribution de préservatifs à l'entrée des UCSA. Ce tabou ne s'explique pas seulement par la pudeur de l'administration pénitentiaire ; il est difficile à une population masculine présentant un discours fortement " machiste ", niant l'évidence avec l'énergie du désespoir (" On n'est pas des gonzesses ou des pédés ! ") et affichant aux murs de sa cellule des posters de revues érotiques oscillant entre le soft et le hard, de reconnaître qu'elle se livre nolens volens à des pratiques homosexuelles.
Les douches collectives nécessitent une gestion " lourde " de personnels et posent de graves problèmes de sécurité. Le surveillant reste à l'extérieur des cabines, en vue d'un autre surveillant susceptible de lui prêter secours et d'appeler du renfort.
Il y aurait plein de choses intelligentes à dire sur la vie sexuelle des personnes détenues (y compris les femmes), mais visiblement l'occasion est manquée.
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Prisons : une surpopulation chronique
Suroccupation des cellules, matelas posés au sol, insalubrité, présence d'animaux nuisibles... Avec plus de 70 000 détenus pour 61 000 places, les prisons françaises sont surpeuplées. La Cour...
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Surpopulation carcérale : face à l'urgence, le réflexe prison a la peau dure
Alors que la population carcérale a augmenté de manière quasi constante ces derniers mois, de nombreux établissements pénitentiaires affichent désormais des taux inquiétants de sur-occupatio...
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Les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France (tome 1, rapport)
2. Les violences contre soi et contre les autres Certes, incarcérer des personnes contre leur gré est en soi une situation " violente ". Pour autant, les manifestations de cette violence, les ...
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