Aftonbladet : ne mettons pas l'antisémitisme à toutes les sauces !!

Le journal suédois Aftonbladet publie le 23 août 2009 un article accusant l'armée israélienne de couvrir un trafic d'organes prélevés sur des Palestiniens assassinés lors d'opérations militaires ou policières israéliennes.

La vue de la photo de ce cadavre avec une énorme cicatrice m'a rappelé l'affaire de Timisoara, où des photos semblables avaient été utilisées pour accuser la Securitate roumaine de forfaits dont elle était innocente cette fois-là.

Donc je me suis méfié dès le départ, attendant d'en savoir plus. Je pense d'ailleurs que le principal reproche qui doit être fait aux autorités israéliennes est d'être responsables de la mort de ces Palestiniens en non pas de ce qui est fait de leurs cadavres¹.

Certaines réactions israéliennes, justifiées ou non, sont admissibles, d'autres sont inadmissibles.

Je trouve normal qu'un État accusé nie, à tort ou à raison, les faits. Normal qu'il demande des preuves, qu'il cherche à mettre en cause le sérieux du travail du journalisme. Normal qu'il crie éventuellement à la diffamation.

Il peut aussi parler de parti-pris de la part du journaliste ou de sa rédaction en chef, à condition de pouvoir citer des articles précédents et infondés.

Ce qui n'est pas normal, c'est :

les accusations d'antisémitisme

les références à l'attitude de la Suède pendant la Seconde guerre mondiale

les confusions systématiques entre l'État d'Israël et le peuple juif.

En effet, admettons que l'auteur de l'article ait manqué de sérieux, qu'il ait bricolé, à la manière de certains intellectuels parisiens, des faits sans rapports entre eux et de plus mal analysés.

Mais il n'y a aucun terme, dans cet article, disponible en français, qui expliquerait ce trafic par le caractère juif d'Israël. Les seules explications avancées sont les besoins de greffons supérieurs à l'offre légale. Ce qui est vrai dans tous les pays développés et peut générer des trafics.

L'éventuelle ressemblance entre cet article et les calomnies antisémites (les soi-disant meurtres rituels) comme argument de preuve procède d'une erreur de raisonnement. L'antisémitisme, et le racisme en général, consiste à attribuer à un groupe humain des défauts et forfaits qui peuvent exister partout dans le monde.

Exemple : dans la presse et l'édition française après 1871, les Allemands sont présentés comme sanguinaires, fourbes, pédants, bornés, etc..

Accuser l'armée allemande, en 1914-1918 et en 1939-1945, de crimes de guerre est-il du racisme anti-allemand ?

Je ne crois pas qu'il y ait eu un seul pays au monde qui se soit, de 1933 à 1945, toujours opposé à l'Allemagne nazie et ait refusé toute compromission, voire même de simples compromis. Le Yichouv sioniste en Palestine, précurseur de l'État d'Israël, n'échappe pas à ce constat (cf. Le septième million, de Tom Seguev). Utiliser l'argument de l'attitude suédoise à cette époque pour « prouver » la permanence de l'antisémitisme en Suède est grotesque.

Quant à la confusion systématique, à des fins de propagande, entre Israël et l'ensemble des Juifs dans le monde, c'est une arme à double tranchant :

Cela peut dissuader certaines critiques de la politique israélienne, par crainte de l'accusation d'antisémitisme, mais cela conduira immanquablement des millions de personnes à rendre tous les Juifs comptables des aspects les plus condamnables de la politique d'un État.

C'est donner des arguments aux antisémites.

1L'autopsie est souvent ressentie par les familles comme une sorte de viol post mortem. Surtout quand elle est faite salement et encore plus quand rien ne la justifie, les causes de la mort étant évidentes.