Gaza : agir d'urgence pour ne pas être complices (MRAP)
2 Janvier 2009 , Rédigé par Michel Servet Publié dans #Palestine Gaza
GAZA : AGIR D'URGENCE POUR NE PAS ETRE COMPLICES
Alors que la terreur imposée par l'aviation israélienne continue à faire d'innombrables victimes (au 1er janvier plus de 400 morts et 2 000 blessés palestiniens, soit, à l'échelle de la France, plus de 16 000 morts et près de 90 000 blessés),
Alors que les risques d'offensive terrestre sont toujours aussi élevés,
les initiatives pour mettre fin à ce carnage se font toujours attendre et ne correspondent en aucune manière à l'urgence et à l'extrême gravité de la situation.
Tandis qu'aux États-Unis, comme dans l'Union européenne, s'ouvrent des périodes de transition de pouvoir, Israël a mis à profit cette situation pour agir en toute impunité.
Aux États-Unis, le président George W. Bush, quand bien même il aurait manifesté quelques tardives et surprenantes velléités à s'opposer à son allié Israël, est sur le départ …et le futur président Barack Obama, après avoir déclaré dans un entretien avant l'attaque sa « compréhension » pour les arguments israéliens, reste bien silencieux.
Au niveau de l'UE, l'arrivée à expiration de la présidence française ne peut expliquer et encore moins excuser l'absence de réaction à la hauteur de la tragédie.
Dans ce contexte, l'initiative prise par la présidence française au nom de l'Ue est totalement illusoire. Un appel à un cessez-le-feu de deux jours pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire est dérisoire, d'autant qu'il a été rejeté par Tzipi Livni. Au mieux ne pouvait-il s'agir que d' une gesticulation supplémentaire alors que l'urgence est de contraindre Israël à cesser son agression.
Toute solution n'étant acceptée par Israël que si elle sert ses intérêts, il n'y a pas d'autre solution que de forcer Israël à respecter les conventions et résolutions internationales en lui imposant les mêmes sanctions qu'à tout autre État. Le temps presse …lorsqu'il ne restera rien à bombarder, il sera trop tard.
Aujourd'hui encore, Israël continue à exploiter le registre de la victimisation et invoque des impératifs de sécurité aussi bien que les dangers auxquels est soumise sa population, jouant d'une fausse symétrie entre le nombre des victimes de chaque camp alors même que son armée est déjà responsable de centaines de morts.
Pourtant, des solutions existent, qui mettraient fin à l'insécurité invoquée par le gouvernement israélien ; mais Israël continue de les refuser et poursuit de façon implacable sa destruction programmée de la Palestine empêchant que l'Etat palestinien ne voie le jour..
Après six mois d'une trêve décrétée unilatéralement par le Hamas, ce dernier n'a reçu aucune réponse favorable à sa demande de levée du blocus de Gaza ; la reprise annoncée des tirs a bien été la conséquence de ce refus dédaigneux. Aujourd'hui Israël prend prétexte de ces tirs pour anéantir et ruiner la bande de Gaza. Quelle autre logique pourrait, en effet présider à ces bombardements ? Comment, sinon, expliquer la destruction systématique d'infrastructures, de bâtiments publics, d'hôpitaux, d'habitations …?
Après de longues années de patience, de négociations avortées, de concessions, l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas n'a toujours rien obtenu en échange, si ce n'est que le territoire de la Cisjordanie reste toujours sous le contrôle de l'occupant ; la colonisation se poursuit, Jérusalem est démembrée, le mur d'annexion déployé, la construction du tramway achevée, la question des réfugiés - comme celle des prisonniers - toujours au point mort. L'Etat palestinien, prévu pour 1999, n'est toujours pas à l'ordre du jour tant et si bien que le président Mahmoud Abbas se retrouve aujourd'hui en position de croissante faiblesse. Sa crédibilité est entamée et son autorité a bien du mal à pouvoir s'exercer sur l'ensemble de la Cisjordanie. Grand est le danger de voir se substituer des pouvoirs locaux à toute autorité centrale dans chacun des véritables « bantoustans » qui composent aujourd'hui la Cisjordanie.
Ainsi, quoi que fassent ou aient fait les Palestiniens, qu'ils aient négocié, fait des concessions, organisé des élections libres ou décidé d'une trêve, ils n'ont jamais rien obtenu. Et leurs responsables, même lorsqu'ils ont été démocratiquement élus, restent à tout moment les otages en sursis des Israéliens quand ils ne sont pas arrêtés et jetés en prison Lorsque les Palestiniens se soulèvent ou résistent, ils sont soumis à une répression aveugle, aux bouclages ou aux bombardements. Et la colonisation de la Palestine se poursuit, inexorable.
***
Aujourd'hui, le MRAP considère comme une urgence absolue, la cessation de l'attaque israélienne. Le déploiement d'une force internationale de protection du peuple palestinien de la bande de Gaza reste une nécessité impérieuse, tout comme la définition stricte et impérative de son mandat qui, à l'exclusion de toute autre mission, doit permettre l'arrêt de l'offensive israélienne, la levée du blocus et le rétablissement complet de la circulation avec Gaza depuis Israël et l'Egypte.
Parce que seules de fortes pressions peuvent avoir un effet réel sur Israël, le MRAP dénonce la complicité passive de la France et de l'Europe et rappelle son exigence de suspension des accords préférentiels signés avec Israël ainsi que l'arrêt des collaborations économiques avec ce pays.
Parallèlement, au-delà des seules actions humanitaires, le MRAP demande à l'Ue de participer à la reconstruction de l'économie de Gaza et, de façon symbolique, à affecter à ces opérations la totalité des fonds destinés aux actions de coopération avec Israël.
Enfin, parce que les crimes de guerre commis par les responsables israéliens ne doivent pas rester impunis, le MRAP se joint à toute initiative mise à l'étude visant à engager des procédures pénales à l'encontre des auteurs de ces actes.
A contrario, le MRAP transmet toute sa solidarité aux soldats israéliens qui refuseraient de participer aux crimes de guerre qui sont en train de se dérouler et soutient les trop rares associations qui, en Israël, les appellent à la désobéissance.
Paris 1er janvier 2009
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