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Le blog du vieux singe

Non au fichage ethnique !

28 Janvier 2007 , Rédigé par Michel Servet Publié dans #Racisme

Le motif est noble : lutter contre les discriminations en les quantifiant mieux. Mais cette mesure, avec les différents ballons d’essai lancés, notamment par la CNIL est très dangereuse.

Elle est inutile, les discriminations sont connues, avérées par les sondages d’opinion, les plaintes en justice, les opérations de “testing”.

Les discriminations en fonction de l'âge et du sexe sont connues au millipoil près, puisque ces données sont publiques. On sait très bien les mesurer, mais ça ne les diminue pas pour autant.

S’il s’agit de sondages, je veux bien répondre à un questionnaire anonyme (et il faut que je sois sûr de cet anonymat) et préciser que je préfère le céleri aux carottes rapées, que j’ai un grand-père bosniaque, que je suis mormon, que j’aime les BD de l’école belge, etc.. mais je refuse que ces données me collent à la peau, et qu’un jour, parce que j’ai tel ou tel problème, on dise “pas étonnant, il est …..”. Le questionnaire mis en ligne par la CNIL est tendancieux et contraire aux règles déontologiques et méthodologiques de la profession. En particulier, il faut rendre possibles les réponses suivantes : Autre raison ( à expliquer éventuellement),  Ne sais pas ou sans opinion. Cela permet de savoir si la question est pertinente, et les réponses proposées adéquates. Par exemple, si les trois réponses proposées ne sont alors cochées que par 50 % des sondés, c’est qu’il y a un problème de méthode. 

Détail du questionnaire et mes commentaires :

question 1 :

Question 1- Quel serait, selon vous, l’objectif principal de la mesure de la diversité ?

Faire une photographie de la société française dans ses différentes composantes

Mettre en place une politique de discrimination positive

Améliorer l’efficacité des mécanismes existants d’accès à l’emploi, au logement, à l’éducation ou aux soins afin de garantir l’égalité des chances

Je propose les réponses suivantes : Préparer les esprits à une vision communautariste de la société française.Justifier le racisme et donner une apparence pseudo-scientifique aux préjugés. Quant aux discriminations à l’emploi et au logement, elles sont archi-connues et je préférerais d’abord une enquête pour savoir comment de personnes sont mal logées ou pas logées du tout, et des mesures concrètes pour y remédier.

Question 2 - Comment, selon-vous, mesurer l’origine d’une personne ?

A- Par l’analyse des noms et prénoms

Oui Non

B- Par le lieu de naissance de la personne, de ses parents et de ses grands parents

Oui Non

C- Par la nationalité de la personne, de ses parents et ses grands parents

Oui Non

D- Par la couleur de la peau

Oui Non

E- Par les langues d’usage au sein de la famille

Oui Non

F- Par la confession de la personne et de ses parents

Oui Non

 

C’est vraiment n’importe quoi ! Prenons un prénom :  David, pendant longtemps, il ne fut donné à des garçons que dans des familles juives ou parfois protestantes. Il est devenu subitement à la mode dans toutes les familles avec un pic en 1972 (4 % des naissances masculines). Les publicitaires sont plus intelligents que les gens de la CNIL: pour eux, un homme qui se prénomme David est probablement né entre 1960 et 1980, et c’est une cible pour tel ou tel produit.

 Murat : C’est turc ou français? Et il y a Joachim, maréchal d’empire et roi de Naples. Leïla : c’est un prénom arabo-musulman, tout le monde sait ça, voyons !! Donc Leïla Murat doit être d’origine turque !! Perdu !!!

 

Le lieu de naissance des parents et grand-parents : comment traite-t-on VGE, né à Coblence (RFA) ? Et je dédie cette question au c… qui a dit à ma mère : “Vous êtes née à Beyrouth, vous n’êtes pas française”

 

La nationalité : Celle de la personne : soyons clairs et juristes, une personne de nationalité polonaise n’est pas une personne d’origine polonaise, c’est un ou une Polonaise. Ce questionnaire mélange plusieurs choses, comme tous ceux qui se réfèrent à la notion d’origine :

 

La provenance géographique des gens ou celle de leurs ancêtres (origine italienne, etc.. ) et la question est de savoir sur combien de générations on va continuer à le dire. Les journalistes disent bien que les Poniatowski descendent de rois de Pologne, pas qu’ils sont d’origine polonaise.

 

La couleur de la peau : et on va faire de savants distinguos selon le taux de mélanine ? Tous les biologistes savent que les races humaines n’existent pas, et que tout classement est impossible. A l'époque de l'apertheid, en Afrique du Sud, cela à conduit à séparer des fratries.

 

Les langues parlées au sein de la famille : Il y a déjà la question des langues autochtones autres que le français : si on parle le breton  à la maison, va-t-on inventer le concept de Français d’origine bretonne ? Mes grands-parents paternels parlaient indifféremment le français et le patois lorrain. Mon père est quoi, madame de la CNIL?

 

Et quand quelqu’un sera victime de racisme au facies, ou n’aura pas trouvé d’emploi alors que tous ses copains de la même promo d’ingénieurs auront été casés rapidement, on dira : “C’est normal, il avait un handicap culturel, on parlait le tamazight à la maison !!”

 

La religion de la personne ou de ses ancêtres. Là, il fallait oser !! Vichy, les fichiers juifs, ce seul précédent devrait suffire à vous révulser à la simple idée de poser la question ! Et de plus, comment le savoir, sans demander aux gens, ou aller fouiller dans les fichiers communautaires religieux ? Et comme un tiers des Français se déclarent “sans religion”, il ne restera plus à la CNIL qu’à ‘inventer le concept de Français d’origine athée, alors que les grands-parents de la plupart des “sans religion” étaient croyants, voire bigots !! Je crois qu’il aurait été plus intelligent de noter le signe zodiacal, ce qui aurait au moins permis de savoir si l’astrologie était de la foutaise ou non.


Question 3- Accepteriez-vous qu’une mention de votre origine figure :

A- Dans les fichiers de gestion des ressources humaines (employeurs, cabinets de recrutement)

Oui Non Je ne sais pas

B- Dans les fichiers destinés au monde de l’éducation

Oui Non Je ne sais pas

C -Dans les fichiers de la fonction publique

Oui Non Je ne sais pas

D- Dans les fichiers médicaux (accès aux soins)

Oui Non Je ne sais pas

E- Dans les fichiers d’attribution des logements sociaux (accès au logement)

Oui Non Je ne sais pas

F- Dans les fichiers des organismes sociaux (indemnisations chômage, …)

Oui Non Je ne sais pas

G- Dans les fichiers commerciaux

Oui Non Je ne sais pas

H- Dans les fichiers de recherche des auteurs d’infractions

Oui Non Je ne sais pas

 

Expérience personnelle sur les fichiers médicaux : J’avais biffé rageusement et refusé de répondre à la question “Etes-vous d’origine étrangère ? “sur un questionnaire médical. Le médecin conseil m’expliqua alors que cette question n’est pas à but raciste, mais que le diagnostic de certaines maladies, notamment des parasitoses, est facilitée si on sait que les personnes ont vécu dans des pays où elles sont endémiques.

Je lui ai alors expliqué qu’un Luxembourgeois (120 km de Nancy) aurait répondu oui à cette question et que cela n’aurait rien apporté de plus, et que ma mère, née à Beyrouth car mon grand-père y était militaire à l’époque du mandat français, aurait répondu non. Or, elle y avait contracté le paludisme…

La bonne question aurait dû être, dans des questionnaires exclusivement médicaux :

“Avez-vous vécu ou séjourné, même quelques jours seulement, dans des pays ou zones géographiques où sévissent des maladies endémiques (en donnant la liste de ces pays et les maladies)”


Question 4- L’exemple de la Grande Bretagne :
La question de l’appartenance ethnique a été introduite à l’occasion du recensement de 1991. En dix ans, le passage a été fait de 9 catégories initiales à 16 catégories actuelles :
BLANC

Anglais

Irlandais

Autre origine blanche (à préciser)

METIS

Blanc et Noir des Caraïbes

Blanc et Noir d’Afrique

Blanc et Asiatique

Autre origine mixte (à préciser)

ASIATIQUE
ou ANGLAIS D’ASIE

Indien

Pakistanais

Bangladais

Autre origine mixte (à préciser)

NOIR
ou ANGLAIS NOIR

Caribéen

Africain

Autre origine noire (à préciser)

CHINOIS ou
AUTRE PEUPLE ETHNIQUE

Chinois

Autre (à préciser)

Cette classification n’est évidemment pas transposable en France. Toutefois :

A- Que pensez-vous de ce modèle de statistique ethnique ? Cela me choque
Cela me laisse indifférent(e)
Cela ne me choque pas

B- Est-ce que vous accepteriez d’être « catégorisé » selon une telle grille de statistique ethnique ? Oui
Non
Je ne sais pas

 

Première question :

“évidemment pas transposable”

Pourquoi cette précaution oratoire, le seul fait d’en parler et de demander ce qu’on en pense montre que vous y pensez.

Pas transposable parce que nous n’avons pas eu le même empire colonial que les Britanniques ou parce ce que c’est dég… ?

Quant au classement britannique, il zappe les vraies questions qui fâchent (un catholique d’Ulster se définira comme irlandais, et il est citoyen britannique) et l’odieux le dispute au grotesque dans les définitions. D’ailleurs on ne sait pas si ce questionnaire s’adresse aux seuls citoyens britanniques ou à tous les résidents.


Et j’aimerais bien qu’on m’explique la différence entre peuple ethnique et peuple pas ethnique !!!


Question 5 - Pour vous, les données permettant de définir l’origine doivent avant tout :

A- Rester anonyme

Oui Non Je ne sais pas

B- Etre réservées aux fichiers publics

Oui Non Je ne sais pas

C/ Etre soumises au consentement exprès de la personne

Oui Non Je ne sais pas

D/ Etre interdites même en la présence du consentement de la personne

Oui, dans tous les cas

Oui, sauf pour les organismes de recherche publique (INSEE, INED, CNRS…)Oui, sauf pour les fichiers publicsOui, sauf pour les entreprises ou les organisations s’impliquant dans la lutte contre les discriminations

Non

Je ne sais pas

 

C’est très subtil, on commence par prévoir des autorisations limitatives, et on élargira progressivement les limites..Comme pour les prélèvements d’ADN, on est passé des seuls délinquants sexuels au faucheurs d’OGM, et ce n’est pas pour vérifier s’ils ont été génétiquement contaminés.

Quant aux organisation s’impliquant dans la lutte contre le racisme, elles ont suffisamment de témoignages pour savoir ce qu’il en est. Et celles qui voudraient constituer des fichiers sont inconscientes !!

Il y a quelques années à Nancy, une association d’aide aux gens du voyage a voulu faire le recensement des problèmes rencontrés par les commerçants et entreprises non sédentaires.

Elle a souhaité savoir si une administration avait le fichier et pouvait le lui communiquer !! Que dirait-on si une administration commençait à établir de sa propre initiative un fichier des Tsiganes ?

Vous voyez ci-dessus ce que j’ai répondu, j’ai pensé logiquement que si je répondais “interdites dans tous les cas” à la question D, les questions A, B et C n’appelaient pas de réponse.

Ce n’est pas la logique de la CNIL, car je ne peux pas valider ma réponse !!

Erreur !

Pour traiter vos réponses dans les meilleures conditions :

Merci de renseigner la  question5A
Merci de renseigner la  question5B
Merci de renseigner la  question5C

Question 6 - Selon vous, les statistiques faisant apparaître l’origine des personnes doivent s’intituler 

mesure de la diversité

« Statistiques ethniques »

mesure de l’égalité

mesure de l’inégalité

mesure de la discrimination

mesure de la non-discrimination

Autre suggestion : Nuremberg 2

J’espère que ma réponse est claire !!

Commentaire final adressé à la CNIL :

Vous jouez les apprentis sorciers: inconscience ou machiavélisme ?
Et quand vous aurez constaté que si certains groupes sont sous-représentés dans des secteurs gratifiants, cela suppose arithmétiquement que d’autres sont sur-représentés .
Vous aurez donné des armes à tous ceux qui estiment qu’il y a trop de ceci ou cela dans telle profession.
Et ça ne changera pas le comportement, archi-connu, de certains employeurs, bailleurs, etc..

Et quelles que soient les précautions prises, les fichiers ethniques seront truffés d’erreurs, de stupidités, de non-sens, et serviront à justifier ensuite les discriminations, voire à les créer.

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