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Le blog du vieux singe

Affaire Tariq Ramadan : le spectre de l’extrême-droite

3 Août 2018 , Rédigé par Michel Servet Publié dans #Islamophobie, #Extrême-droite

Alors que le Front national est resté à l’écart de l’affaire Tariq Ramadan, ses idées se sont retrouvées défendues sur le fond par les détracteurs de l’accusé et par les propres soutiens des plaignantes. Deux de ces dernières, Henda Ayari et « Christelle », relayent elles-mêmes un argumentaire similaire à celui de l’extrême-droite dont elles ont côtoyé certains milieux ou en ont fait partie. L’affaire renvoie à un basculement politique perceptible depuis des années, auquel la presse a participé ici en observant une même ligne éditoriale à la fois sélective et orientée.


ANALYSE  | temps de lecture : ≥ 30 min |

Depuis le début de l’affaire Tariq Ramadan, en octobre 2017, la majeure partie de la presse a systématiquement refusé de se pencher sur le profil des plaignantes et a longtemps procédé à un traitement médiatique unilatéralement à charge contre l’accusé. Une plus grande prudence semble avoir été observée depuis le mois d’avril, lorsque la ligne des parties civiles a révélé un certain nombre d’incohérences et de contradictions, puis donné lieu à des voltefaces spectaculaires, et que la troisième plainte n’a pas été suivie d’une nouvelle mise en examen. Pourtant, très majoritairement, la presse a continué d’alimenter les digressions autour de Tariq Ramadan, sur fond d’attaques personnelles ou politiques, sans aucun lien avec l’affaire et sans que l’intéressé, placé en détention provisoire, ne puisse y répondre.

Depuis dix mois, les détracteurs de Tariq Ramadan se sont ainsi vu offrir un large boulevard médiatique pour accabler l’accusé, avec la complaisance, sinon parfois la complicité, de journalistes et de rédactions. L’effet est désastreux, puisque sur la base d’une affaire judiciaire à l’issue très incertaine, on assiste à un procès politique et médiatique qui s’est progressivement décomplexé. À défaut de crimes de viols qui n’ont toujours pas été démontrés et tardent à l’être, on en vient à présenter des aveux d’adultère comme la preuve de la supercherie d’un intellectuel et de son « double discours », avec cette impression elle aussi désastreuse de vouloir le disqualifier auprès de son auditoire musulman. S’il devait s’agir là du résultat escompté ou même d’un simple lot de consolation, il faudra alors que la presse réponde de sa déontologie et les détracteurs de Tariq Ramadan de la nature de leurs motivations.

Encore faut-il rappeler qu’il s’agit d’une affaire en cours au sujet de laquelle seule la justice a la compétence de se prononcer sur le fond. Si, dans le débat public, l’accusé, présumé innocent, a souvent été préjugé coupable, il n’est pas question ici d’adopter la posture inverse et d’entériner par principe que les plaignantes ont menti au sujet du viol qu’elles affirment avoir subi. En revanche, il s’agit très clairement d’évoquer les pistes que la presse a systématiquement refusé d’étudier lorsqu’elles se présentaient à elle et d’exposer l’instrumentalisation politique dont l’affaire a fait l’objet, y compris lorsque cela s’est produit de manière indirecte.

La gauche laïciste en première ligne, le Front national en embuscade

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