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Le blog du vieux singe

Aude Lancelin : "Le PS va éclater en 2017"

29 Décembre 2016 , Rédigé par Michel Servet Publié dans #Solfériniens

Le livre pamphlet d'Aude Lancelin, prix Renaudot de l'essai 2016, assassine "L'Obs", dont elle a été licenciée en mai, mais décrit aussi le crépuscule de la "grande presse" et de la gauche. Rencontre.

Un débat intellectuel droitisé, une presse maltraitée par ses actionnaires, un socialisme converti au néolibéralisme... "Mon livre décrit une époque de crépuscule", concède la journaliste Aude Lancelin, 43 ans, ex-numéro deux de L'Obs. Il va en effet bien au-delà de son cas personnel, de ce licenciement sans ménagement de l'hebdo socialdémocrate parce qu'elle aurait été "trop à gauche". Les questions que soulève Le Monde libre (1) sont vertigineuses. On les a posées à son auteur.

Vous décrivez L'Obs comme un "canard sans tête qui ne répond plus à la demande de ses lecteurs". Que pensez-vous du reproche fait aux médias, à l'aune du Brexit et de l'élection de Trump, d'être déconnectés ?

Dans toute la presse mainstream, le diagnostic que l'on pose lorsque la catastrophe arrive, c'est-à-dire lorsqu'un Le Pen se retrouve au second tour de la présidentielle en 2002 ou qu'un Trump est élu aux Etats-Unis, c'est de ne pas avoir anticipé, de ne pas avoir assez sondé les "vrais gens". Et à chaque fois, ça se termine par de grands serments : "Tout va changer" ! Mais ce n'est pas la question : les journalistes sont déjà sur le terrain, et ce depuis des années. Le problème, c'est que les journaux sont des organes de propagande, quoi qu'ils en disent. Et qu'ils ne veulent pas entendre le message envoyé par le peuple. Ça a été le cas pour le référendum de 2005 ou au moment de la loi travail.

Cette déconnexion-là ne se réglera donc pas en dépêchant des hordes de journalistes écumer la banlieue ou la province. L'"élite" éditocratique est dans une communauté de vue avec les actionnaires. Ils partagent le même flux de convictions. Et cela ne fait que s'aggraver. Les directeurs de journaux nommés récemment ne sont même plus des journalistes mais des gestionnaires entièrement à la botte des actionnaires.

L'économiste Julia Cagé nous disait récemment que Vincent Bolloré ou Patrick Drahi sont "des cost killers taillant sans scrupule dans les effectifs" des médias qu'ils rachètent...

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